Comment éviter que nos conversations dégénèrent en disputes ?
Si vous lisez cet article c’est que vous êtes parent. Et si vous êtes parent, les dialogues qui suivent vont certainement vous évoquer une impression de déjà vu :
Exemple 1
Enfant : j’en ai marre de l’école !
Vous : qu’est-ce qui s’est passé ?
Enfant : je me suis encore fait punir. Je suis restée sur le banc pendant le cours de sport !
Vous : qu’est-ce que tu avais encore fait ?
Enfant : ah ! Laisses tomber, tu comprends rien de toutes façons !
Vous : ne me parle pas comme ça !
Exemple 2
Vous : mets ton écharpe, il fait froid
Enfant : non, je n’ai pas froid
Vous : impossible, je te dis qu’il fait froid ! Mets ton écharpe tout de suite !
Enfant : Pffffff !!! (met son écharpe en soufflant et en râlant)
Vous : arrête de souffler et de lever les yeux au ciel !
Exemple 3
Enfant : je déteste Mamie !
Vous : tu ne penses pas ce que tu dis voyons ! c’est ta grand-mère
Enfant : si je le pense ! Elle est bête !
Vous : je t’interdis de parler comme ça de ta grand-mère !
Ça vous rappelle quelque chose ? Pourquoi la plupart de nos conversations avec nos enfants, même les plus banales, ont-elles tendance à dégénérer en disputes ?
Le problème vient du décalage entre le message que nous souhaitons transmettre à l’enfant « j’ai besoin que tu mettes ton écharpe pour que tu n’attrapes pas froid » et le message qu’il reçoit « tu es vraiment impossible, tu n’écoutes jamais ! ».
Nous avons de bonnes intentions car nous aimons nos enfants, mais nous manquons de compétences et d’outils pour transmettre notre message comme nous voudrions qu’il soit reçu. C’est comme si je parlais chinois et que mon enfant ne comprenait que le Français. Forcément, ça rend la communication plus difficile !
Alors je dois apprendre le chinois ?
Et bien oui en quelque sorte 😉 Nous devons adapter notre langage pour que nos messages soient mieux entendus par nos enfants. Et cela passe par une phase d’apprentissage qui ressemble à celle d’une nouvelle langue.
Au début, on cherchera, on butera sur les mots, on fera des erreurs, et puis plus on pratiquera, plus cela deviendra fluide. Au bout d’un moment, on constatera avec plaisir que nos enfants nous écoutent, coopèrent avec plaisir (oui oui je vous assure !!) et n’hésitent plus à nous parler de leurs journées, de leurs soucis et de leurs doutes. Les relations s’en trouvent renforcées et l’ambiance familiale apaisée. De plus, cela aide les enfants à prendre confiance en eux, à gagner en autonomie et en estime d’eux-même.
Comment je fais pour apprendre cette nouvelle langue ?
Vous l’aurez compris, il s’agit simplement d’adapter votre langage, d’adopter une nouvelle manière de communiquer avec vos enfants… Et la bonne nouvelle, c’est que ça marche aussi avec les adultes !
Cette nouvelle manière de communiquer est basée sur un principe fort : l’accueil des sentiments.
Accueillir les sentiments de votre enfant c’est lui donner la possibilité de vider son sac émotionnel, et ça lui apprend que les sentiments sont tous importants, les bons et les mauvais.
En plus, avez-vous remarqué que quand nos enfants expriment des sentiments difficiles, nous avons tendance à les nier ? Nous leur répétons sans arrêt :
- Tu ne ressens pas ce que tu ressens. Ex : « allez, c’est pas si grave ! »
- Tu ne sais pas ce que tu sais. Ex : « Mais non tu n’as pas chaud ! »
- Tu ne veux pas vraiment dire ce que tu dis. Ex : « tu ne peux pas dire ça sur Mamie ».
Résultat ? Cela coupe la communication avec nos enfants et ils n’ont plus confiance dans leurs propres perceptions.
Mais si j’accueille les sentiments difficiles, je ne risque pas de les renforcer ?
Accueillir les sentiments de son enfant ne signifie pas qu’on est d’accord avec son comportement. Le docteur Haïm Ginott disait « Tous les sentiments sont légitimes, mais les comportements ne sont pas tous acceptables ».
Nous hésitons à accepter les sentiments difficiles comme la colère, la tristesse ou la détresse, par crainte de l’enfoncer ou qu’il croit qu’on approuve son comportement ou qu’on l’encourage aux pires sentiments. En fait c’est le contraire qui se passe : on ouvre le dialogue et on l’aide à vider son sac émotionnel. Du coup, il se sent réconforté, son stress baisse et il y voit plus clair dans son problème. Dans la majorité des cas, il sera même capable de trouver une solution tout seul.
Comment je fais concrètement pour accueillir les sentiments ?
Quand un enfant a une émotion violente, il ne peut rien écouter : ni conseil, ni critique constructive. Il a juste besoin d’écoute empathique, de compréhension.
La première chose à faire est donc de l’écouter de manière empathique. Cela peut prendre deux formes :
- L’écoute silencieuse : vous ne dites rien ou vous faites juste des peits bruits (ha ! Hum, je vois), mais vous accordez toute votre attention à l’enfant qui parle
- L’écoute active : vous reformulez son vécu et son ressenti pour montrer que vous avez bien compris « Ça a vraiment dû te mettre en colère », « tu devais être frustré », « ça doit être dur de se faire traiter de cette manière ».
« Quand quelqu’un m’écoute réellement, qu’il reconnaît ma souffrance intérieure, s’il me donne la chance de parler davantage de ce qui me contrarie, alors je commence à me sentir moins bouleversée, moins confuse, plus en mesure de faire face à mon problème » (Adèle Faber et Elaine Mazlish)
En écoutant les sentiments de nos enfants nous leur apprenons à avoir confiance en leurs propres perceptions. Et cela n’a pas de prix, car en grandissant, ils auront pris l’habitude d’écouter leur petite voix intérieure, garantissant ainsi eux-mêmes leur sécurité.
Ah mais l’empathie c’est pas toujours simple !
C’est vrai, l’empathie n’est pas une chose naturelle pour la plupart d’entre nous. Comme nous n’avons pas été éduqués avec empathie, elle nous paraît peu naturelle quand on l’utilise. Moi-même j’ai mis du temps à bien utiliser l’écoute empathique. Avant que mes enfants sentent que je les comprenais vraiment et que je n’étais pas en train de me moquer d’eux ou de les manipuler, j’ai dû pas mal pratiquer. Je vous en parlerai dans un prochain article !
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