J’ai évoqué sur Facebook le fait que mon fils avait été puni et obligé de rester assis pendant toute une récréation. Les réactions que j’ai eu ont toutes été très marquées : complètement contre « Mon Dieu, comment peut-on au 21è siècle punir un enfant de la sorte ? » ou complètement pour « Mais quel choix avait le prof ? Si l’enfant a un comportement vraiment inacceptable, comment le lui faire comprendre? ».
Cela a même évolué vers la polémique, les pour et les contre se renvoyant la balle. En tout cas, il est clair que cette histoire de punition ne laisse personne indifférent ! Cela m’a donné envie de remettre les choses à plat et de voir ce qui se cache de si important derrière cette notion de punition.
Essayons de décortiquer ce qu’est une punition
Autour de moi, quand je parle d’éducation positive, on me dit souvent « être bienveillant avec les enfants, OK, mais quand ils ont un comportement inacceptable, ils doivent être punis pour comprendre ».
Lorsqu’un enfant a un comportement inapproprié (il hurle, est insolent, frappe un copain…) la majorité des gens pense qu’il faut le corriger tout de suite, et que si on laisse passer, non seulement on est un mauvais parent, mais en plus l’enfant va croire qu’il peut le refaire et il va devenir un monstre !
En France aujourd’hui, la punition est une véritable institution et sa remise en cause se heurte aux croyances profondément ancrées chez la majorité des parents.
Il est vrai qu’aujourd’hui, les enfants sont plus compliqués à gérer, pourtant, il ne semble pas que les punitions règlent le problème. Voici quelques chiffres.
La France fait partie des pays les plus autoritaires d’Europe
Dans un article sur le blog des Super Parents, Isabelle Filliozat énonce des statistiques qui le prouvent :
- 80 % des parents frappent leurs enfants.
- Il y a beaucoup de punitions à l’école (dont beaucoup sont illégales).
- 75 % des parents pensent que c’est « nécessaire de donner des punitions à l’école ».
- 73 % des professeurs déclarent avoir déjà vu des « privations de récré » (interdites par la loi) alors que seuls 28% disent y avoir recours.
- 56 % donnent des « lignes », des « copiages divers », des « verbes à conjuguer » (interdits aussi, depuis 1987 !).
- 95 % des élèves de CP ont été témoins de fessées à l’école !!!! 34% au CM2, – de 2% au collège.
En France ni les parents ni les enseignants ne sont permissifs. La punition est abondamment utilisée, et pourtant c’est un fait, les enfants sont plus compliqués à gérer qu’il y a 20 ou 30 ans. Si les punitions étaient si efficaces, le problème serait réglé. Pourtant il n’en est rien…
Essayons maintenant de nous mettre à la place de l’enfant qui vient d’être puni, et de comprendre ce qui se passe dans sa tête…
Pour vous mettre à sa place, imaginez qu’au travail, vous avez eu un client difficile, vous lui avez dit ce que vous en pensiez. Cela a rendu votre patron furieux et il vous a retiré votre prime du mois, comment vous sentiriez-vous ?
- en colère, humilié ?
- Vous auriez envie de vous venger, ou de vous rebeller ?
- ou alors (si vous avez un caractère plus introverti), vous auriez envie de vous retirer de ne plus m’impliquer dans votre travail ?
Et bien les enfants, c’est exactement pareil ! Jane Nelsen (fondatrice de la méthode « La discipline positive« ) modélise les conséquences de la punition par les « 4 R » :
- La Rancœur : l’enfant puni peut estimer que d’une part la punition n’est pas juste et d’autre part ils ne peut pas faire confiance aux parents.
- La Revanche : l’enfant puni aura envie de gagner à la prochaine confrontation pour rééquilibre le jeu de pouvoir. Cela encourage le rapport de force avec son enfant.
- La Rébellion : La plupart des enfants punis refusent la soumission. Ils ont alors à cœur de prouver aux adultes que ces derniers ne peuvent pas les obliger à faire ce qu’ils veulent.
- Le Retrait – il peut se présenter sous deux formes :
- l’élaboration de stratégies du « pas vu, pas pris »
- la baisse de l’estime de soi : « Je ne vaux rien, je suis méchant, je suis nul, je mérite de souffrir ».
Voici une phrase de Jane Nelsen que j’aime beaucoup : « d’où nous vient cette idée folle que, pour qu’un enfant se conduise mieux, il faut d’abord qu’il se sente dévalorisé ? ». A méditer…
Essayons maintenant de comprendre ce que l’enfant a retiré de cette punition. Qu’est-ce qu’il a appris au final ?
- Il a appris que ses parents (ou profs) sont injustes, méchants ou alors (s’il a un caractère plus docile) que lui est méchant, qu’il ne vaut rien
- Il en a conclu que la prochaine fois, il essaiera de ne pas se faire prendre ou alors (s’il est plus docile), il aura tendance à se retirer dans sa bulle pour ne plus entendre les mots qui lui font du mal. Je suis sûre que vous connaissez cette situation « il n’écoute pas, on dirait que ça glisse sur lui »…
- Il a appris la peur du gendarme mais n’a pas pris conscience des conséquences de son acte car son attention a été détournée vers des sentiments négatifs à l’égard du parent : sentiment d’injustice, colère, crainte…
- Les émotions causées par la punition stimulent le circuit de stress et empêchent l’enfant de réfléchir à ce qu’il a fait. La mémoire fonctionne, oui, mais l’enfant mémorisera le stress, la crainte, la colère, et non pas ce qui aura déclenché la punition.
- La punition s’adresse aux symptômes, et non aux causes des problèmes. Par exemple, si un enfant a un comportement difficile, peut-être est-ce dû au fait qu’il a passé une mauvaise journée à l’école, qu’il a un souci dans son cœur. Or, en le punissant, on traite le symptôme (son comportement) et non la cause (son souci). Du coup, on peut être sûr que le comportement se renouvellera vu qu’on n’a pas traité la cause.
- Enfin, les punitions étant souvent infligées sous le coup de l’exaspération, elles sont souvent irrationnelles, disproportionnées et sans rapport avec le comportement problème.
On peut donc en conclure que les punitions sont non seulement inefficaces pour obtenir une modification de comportement, mais totalement contre-productives à moyen-long terme.
Aujourd’hui en France, il est très compliqué de remettre en cause la punition, car elle est tellement ancrée dans les croyances éducatives que les parents se sentent démunis et impuissants sans elle.
Essayons de voir plus loin : il existe des solutions alternatives à la punition, beaucoup plus efficaces sur le long terme. Nous avons passé assez de temps à tenter de contrer nos enfants, cela ne mène qu’à des batailles quotidiennes et à de multiples ruptures de lien !
Dans un prochain article, je vous détaillerai toutes les solutions alternatives qui existent pour éviter de punir un enfant injustement, et permettre de conserver le lien d’attachement tellement nécessaire à son développement !
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