Alors que nous les aimons plus que tout, nos enfants ont cette incroyable capacité à nous mettre hors de nous, parfois. Ouest France m’a interviewé sur ce sujet qui nous fait souvent culpabiliser, nous parents.
Transcription texte :
Pourquoi nous mettons-nous en colère contre nos enfants ?
Est-ce vraiment de la colère ? On confond souvent la colère avec un accès de rage ou de violence. La colère est une émotion physiologique déclenchée par la frustration ou le fait d’avoir subi un dommage, qu’il soit physique ou moral. On a le droit d’être en colère contre son enfant. C’est une belle émotion qui nous permet de dire nos limites, nos besoins et nos valeurs. Si on la tait, la blessure refera surface. Si on l’exprime, la colère est une vague qui passe très vite, en 90 secondes environ. Donc, si on hurle et qu’on met vingt minutes pour se calmer, c’est qu’il s’agit d’autre chose.
De quoi s’agit-il alors ?
D’une décharge de stress. On a tous un réservoir de stress qui se remplit peu à peu dans la journée, après un embouteillage, un souci financier, une critique d’un collègue. On rentre à la maison le réservoir plein. Notre enfant a alors un comportement dérangeant qui vient déclencher la charge qu’on a accumulée. On sait que s’occuper d’un jeune enfant dépendant, se faire réveiller la nuit, subir un comportement difficile à répétition sont des déclencheurs légitimes. Être parent est une lourde responsabilité.
L’enfant ne vient donc que déclencher ?
Parfois il ne fait même que réactiver une croyance interne qui vient de notre enfance. Par exemple, si, petite, on me criait systématiquement dessus lorsque je renversais mon verre d’eau, mon cerveau a identifié la situation comme dangereuse. Si mon enfant fait tomber son verre, mon cerveau sonne l’alerte. Face à un danger, trois réactions sont possibles : se figer, fuir ou attaquer. En tant que parent, on choisit souvent inconsciemment l’attaque, parce qu’on se sait en position de force. Par ailleurs, on se décharge sans s’en rendre compte sur nos figures d’attachement, nos partenaires, nos enfants, ceux avec qui on peut se le permettre, car ils nous aiment de manière inconditionnelle.
Comment éviter cela ?
D’abord, on peut repérer ses signes corporels. Si l’on sent sa mâchoire ou ses épaules se crisper, son coeur battre plus vite, on prend trois grandes inspirations ou on ferme les yeux pour éviter la crise. Quand on constate que notre réaction est disproportionnée par rapport au déclencheur, on peut identifier que c’est notre stress qui s’exprime et le reconnaitre devant l’enfant. On peut lui expliquer qu’on quitte la pièce pour se calmer. Cela lui donne aussi un modèle de réaction quand cela lui arrive. Cela peut être le moment de passer le relai à l’autre parent. Ensuite, on peut s’excuser auprès de son enfant, proposer un jeu ou un câlin de réparation.
Et son stress, comment l’évacuer?
En tant que parents, on est souvent en train d’oublier nos propres besoins pour répondre à ceux des enfants. Notre mission est donc de vider régulièrement notre réservoir de stress. En exprimant nos contrariétés au fur et à mesure, soit verbalement, intérieurement ou par écrit. En s’accordant ne serait-ce que dix minutes avant de rentrer pour chanter, écouter de la musique, s’asseoir en silence, penser à quelque chose d’agréable.
Audrey GUILLER.