Lorsque j’ai eu mon premier enfant, j’étais persuadée que je serai la meilleure maman du monde. Malheureusement, je me suis vite heurtée à la réalité : fatigue, manque de sommeil, stress et pression m’ont vite fait déchanter sur le bonheur d’être Maman.
Un enfant difficile : crises, hurlements et mauvaise humeur
Et puis, Solal nous semblait être un enfant très « difficile » (voir l’article « Comment vivre avec un enfant hypersensible ? »). Depuis ses 18 mois, il faisait des crises, nous tenait tête, hurlait, se roulait par terre, ne tenait pas en place, râlait tout le temps, n’était jamais content. Nous nous sentions démunis, dépassés, et n’ayant que l’exemple de notre propre éducation, nous avons appliqué les préceptes traditionnels : nous avons crié, menacé, puni, l’avons enfermé dans sa chambre…
Je me rendais bien compte que non seulement ces méthodes n’arrêtaient pas les conflits avec Solal, mais les amplifiaient. J’avais l’impression de ne pas parvenir à gérer mon enfant, et pire, je n’arrivais plus à communiquer sereinement avec lui. Et il n’avait que 3 ans !!
J’étais désespérée, désorientée et je me jugeais de manière très dure : « tu es nulle, incompétente, méchante, tu es une mauvaise mère !» me répétait ma petite voix.
Un jour, j’ai lu un article qui m’a laissé entrevoir une vérité différente : être parent, ça s’apprend, et il existe de nombreux outils permettant d’apaiser les relations avec ses enfants. BINGO ! J’avais découvert l’éducation bienveillante.
J’ai donc participé à des ateliers « Faber et Mazlish », lu des tas de livres sur l’éducation bienveillante et suivi plusieurs formations en ligne (dont celle d’Isabelle Filliozat).
L’éducation bienveillante : un vrai parcours du combattant
Au cours des 5 dernières années, j’ai acquis des tas d’outils et de méthodes de parentalité bienveillante, d’éducation non violente, de discipline positive… J’ai également eu mon deuxième bébé, Lilli, sur laquelle j’ai pu appliquer ces préceptes dès ses premières semaines de vie.
Les outils d’éducation bienveillante c’est top sur le papier, mais entre la théorie et la pratique, il y a une sacré marge !
Quand on rentre fatigué du boulot, qu’on a vécu une journée stressante et qu’il faut :
- Donner le bain (ou plutôt les persuader d’y aller!)
- Faire faire les devoirs au grand et occuper la petite (parce que la mettre devant la télé ce serait pas bien !),
- Préparer à manger (un truc sain avec des légumes évidemment !),
- Faire manger les monstres qui sont surexcités et s’amusent à se faire des moustaches avec les pâtes et disent « Beurk ! c’est dégueu les légumes ! »
- Répéter 128 fois « Allez, on se brosse les dents maintenant ! » et encore 154 fois « Allez, pyjama ! »
- Se mettre d’accord sur une histoire, sans qu’il y en ait un des deux qui se mette à pleurer parce que c’est pas celle-là qu’il voulait,
- arriver à faire un câlin dodo qui dure moins de 15 minutes (parce qu’il y a le grand frère qui attend)
- aller s’effondrer dans le canapé avec un râle animal pour entendre « Maman ! Encore un câlin ! » puis entendre chéri qui rentre en disant « Coucou ma chérie ! Tu as passé une bonne journée ? Je mange quoi ? Oups ! La cuisine c’est un vrai bordel ! »
… Bref, je ne vous fais pas de dessin, tous les parents ont le même quotidien.
Et tout ça, en restant zen, souriante, bienveillante et positive avec tout le monde… Mais bien sûr…
…. Aaaaaaaah ! Mais vous me prenez pour Wonder Woman ou quoi ??
La bienveillance, c’est peut-être pas pour moi ?
Chaque matin, je me levais avec la ferme intention d’être bienveillante avec mes enfants, d’être une bonne mère… Mais il était rare que j’arrive au bout d’une journée sans avoir perdu mon calme, dit des paroles blessantes, proféré une (ou deux) menaces et fait un (peu de) chantage. Et mon taux de culpabilité montait en flèche. Ma petite voix me disait « c’est bien la peine d’avoir suivi toutes ces formations et d’avoir appris toutes ces méthodes d’éducation positive, pour en être restée là ! ». Il fallait que je me rende à l’évidence, j’étais nulle en bienveillance.
Et quand j’essayais de réviser les préceptes et que je lisais ou entendais « il faut faire ci », « Attention à ne pas faire ça », « Y a ka »… Toutes ces injonctions « bienveillantes » me donnaient l’impression d’être encore plus nulle !
C’est alors que j’ai été invitée à une séance de « piqûre de rappel » avec ma formatrice de la méthode « Faber et Mazlish ». J’ai retrouvé d’autres parents qui avaient suivi la formation 6 mois ou un an plus tôt. Et là, j’ai entendu des parents dans la même situation que moi :
« Les principes sont super. Au début, je les appliquais, j’avais mon mémo sur le frigo. Mais là, j’ai repris les vieilles habitudes. J’y arrive pas ».
– « Je n’arrive pas à appliquer l’empathie avec mes enfants, ça fait pas naturel. J’ai l’air de réciter un truc et ils n’y croient pas ».
– « Je n’arrive pas à garder mon calme, je finis toujours par m’énerver et crier ».
Waw ! Quel soulagement de constater que la bienveillance n’était pas plus facile pour eux que pour moi ! Néanmoins nous sommes ressortis de cette séance reboostés et motivés pour nous y remettre.
Vous savez pourquoi ?
Notre formatrice ne nous a pas donné beaucoup de conseils, mais elle a fait preuve d’empathie, comme le reste du groupe d’ailleurs. Nous nous sommes donné de l’empathie, nous nous sommes écoutés sans jugement, en hochant la tête devant chaque difficulté, l’air de comprendre… Et ça nous a fait un bien fou !!
La bienveillance, ça commence d’abord par soi
Sophie, notre formatrice, nous a rappelé que lors d’un crash d’avion, il était recommandé aux parents de mettre d’abord le masque à oxygène avant de le donner à son enfant. Parce qu’un parent doit être en possession de tous ses moyens pour pouvoir s’occuper correctement de son enfant.
Nous avons tous une histoire et un parcours différent. Les blessures que nous avons subies étant enfant ou adulte conditionnent nos relations avec les autres. Quand il s’agit de nos enfants c’est encore plus difficile, car ils ont la double particularité de :
- nous renvoyer une image de nous-même qui ne nous plaît pas forcément,
- savoir intuitivement où appuyer pour que ça fasse mal.
Garder son calme, être bienveillant, cela s’apprend, mais paradoxalement pas avec des outils d’éducation bienveillante… en tout cas pas dans un premier temps. Il faut d’abord passer par une période de recentrage, de guérison et d’acceptation.
Alors, j’ai décide de m’aimer
Voilà le déclic qui m’a vraiment aidé à changer : j’ai décidé de m’occuper de moi, de me recentrer sur moi-même. Cela faisait 5 ans que j’étais entièrement tournée vers mes enfants. STOP ! Je mets le masque à oxygène et je m’occupe de moi d’abord ! Et j’apprends à m’aimer.
J’ai entamé ce chemin et je vous assure qu’il porte ses fruits. Il n’est pas terminé, et je ne suis pas certaine qu’il se termine jamais. Prendre soin de soi, de ses émotions et de ses besoins doit faire partie des bonnes habitudes à acquérir et à conserver toute sa vie.
Je partagerai avec vous mes astuces , mes petits pas, mes progrès, mais aussi mes difficultés, mes remises en causes et mes limites.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Avez-vous constaté que les outils de l’éducation bienveillante étaient difficiles à appliquer ? Avez-vous mis en place des solutions ? Partagez votre expérience en me laissant vos commentaires ! Les échanges entre parents sont la plus riche des expériences !
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